LAKME
Historique :
Le LAKME est un vapeur construit en 1896 par les chantiers A.STEPHEN & SON situés à
GLASGOW en Ecosse pour le compte de l’armateur Bordelais AC.LEQUELLEC.
En 1912 il est cédé à la C.B.V.N Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord et passe sous les
ordres du capitaine Bernard BRUNET inscrit à BORDEAUX où il va desservir au départ de
DUNKERQUE tous les grands ports d’Afrique du Nord. Lorsqu’éclate la première guerre
Mondiale en 1914 sa mission première est de rattacher les ports du grand Ouest à ceux du Nord afin de ravitailler le front en matériaux de constructions, poteaux de mines, bitumes, graviers et à plusieurs reprises en armes et munitions.
Le 29 février 1916 à 11 heures 30, il quitte le port de la Pallice avec à son bord 4211 tonnes de bitume affrété par le ministère des ponts et chaussées, qu’il doit décharger au port de
Dunkerque.
Le capitaine BRUNET et les 23 hommes d’équipage reçoivent leurs ordres de navigation, il est fortement conseillé de passer par le pont d’Yeu.
Le temps est exécrable, la mer est démontée. À la sortie du pertuis d’Antioche, le capitaine BRUNET décide de ne pas tenir compte des consignes données par les autorités maritimes de La Rochelle et trace sa route vers le NW, entre le plateau de Rochebonne et l’île d’YEU.
Il est 22 heures 10 le LAKMÉ se trouve à environ 20 milles de l’île, 8 hommes sont de quart, la visibilité est inexistante sur une mer démontée mais malgré ces conditions 3 matelots sont de veille à l’extérieur : un homme se trouve sur le gaillard avant et deux autres de chaque coté de la passerelle.
Soudain une terrible explosion soulève l’avant du vapeur et le déchire en deux, une mine vient de heurter le vapeur sur l’avant tribord. Tout de suite le second, Charles DEROO qui est de quart envoie l’ordre de faire machine arrière toute ce qu’exécute sur l’instant le chef mécanicien MURIE mais déjà l’eau s’engouffre dans la salle des machines. Seul le second chef mécanicien sortira vivant de cet enfer aquatique.
L’évacuation va se déroule de façon remarquable 11 hommes embarquent dans la baleinière bâbord, le capitaine ainsi que son second quitteront les dernier la vapeur en perdition sur la baleinière de tribord, ils vont attendre les hommes qui se trouvent dans la salle des chaudières seul 3 marins en sortiront vivants.
Le LAKMÉ coule en trois minutes, dans les chaloupes 7 hommes manquent à l’appel ce n’est
qu’au bout d’un quart d’heure que l’on sortira de l’eau le second mécanicien jules LENGLET
Ses 6 autres compagnons, sont morts noyés ou tués par l’explosion de la mine. Les survivants
abordent les côtes de l’île d’Yeu à 7 heures 30 le lendemain. Le calvaire s’achève pour les
matelots et marins mais pour le capitaine Brunet cela n’est pas encore terminé, le 13 mars la
Commission supérieure des naufrages lance une enquête sur les conditions du sinistre, le capitaine BRUNET sera suspendu de sa faculté de commandée durant un mois. Puis le 10 avril de la même année débutera son procès devant une cour martiale, il va durer plusieurs mois durant lesquels le capitaine succombera d’une crise cardiaque.
Caractéristiques :
Longueur : 330 pieds (100,58 mètres)
Largueur : 43,2 pieds (13,17 mètres)
Tirant d’eau : 14 pieds (4,267 mètres)
Il est construit en 1896 sur les chantiers écossais A Sterne & son,
Recherches effectuées par Romain DURAN le 9 octobre 2003
Compagnie à Bateaux à Vapeur du Nord
La Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord a été fondée en 1853 pour doter la France d’une ligne rapide vers Saint Petersbourg au départ de Dunkerque. Elle a tissé par la suite un réseau très
développé de lignes maritimes reliant Dunkerque à la plupart des ports français et à l’Afrique du Nord avec une remarquable devise :
"La régularité doit primer toutes les considérations."
La Première Guerre Mondiale est une véritable catastrophe pour la CBVN.
Sur 19 navires en flotte en 1914, 13 ne reviendront pas. le Lakmé saute sur une mine près de l'île d'Yeu le 29 février 1916 et deux autres bateaux disparaissent cette même année. Au retour de la paix, il ne restera que quatre navires à la CBVN
Plongée sur le Lakmé :
C'est une épave de la taille de l'Eretria: c'est à dire une centaine de mètres. L'echo sondeur principal est celui des chaudières et de la machine qui remontent de plusieurs mètres. La violence de l'explosion a totalement disloqué le navire et seul reste à l'arrière, la poupe magnifique qui remonte de plusieurs mètres.
Pour moi, la plongée sur le Lakme a été toujours difficile. Certaines épaves sont aimables quelles que soient les les marées, les courants. D'autres se découvrent plus en difficulté. Le Lakme est plus pauvre en faune que l'Eretria, l'épave disloquée par l'explosion rend difficile l'orientation. Lorsque le courant la balaye la progression est difficile car elle n'offre que peu de protection. Alors que d'autres plongeurs jubilaient après la plongée, j'ai toujours gardé la sensation d'une stab mal equilibrée, d'un relais mal réglé, d'une visibilité insuffisante pour réussir les images. Dans mes souvenirs, elle a a un linceul de filets maillants qui emprisonnaient des congres et homards morts autour des chaudières, et c'est sur le Lakme que j'ai réalisé que deux mètres de profondeur supplémentaires représentent une reelle difficulté en plongée. Je n'ai réussi d'ailleurs à y faire que deux ou trois vidéos.
Michel
PS tout de même, je rêve de filmer la poupe du Lakme avant qu'elle ne s'effondre.Je n'ai réussi qu'a la photographier et cela m'a laissé un souvenir inoubliable.
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scroq (lundi, 04 mai 2015 13:43)
Bonjour,
C'est très touchant de voir ces photos et vidéos. Georges SCHABANEL (1887-1916), un cousin de mon arrière grand-père, était mécanicien à bord du Lakmé pendant la 1ère guerre mondiale. Il est mort pour la France à bord du Lakmé ce 29 février 1916 avec 5 autres compagnons. RIP. Merci de nous faire partager vos plongées. scroq